Extrait = de quoi qu'y se mêlent ?
Laissant ses hommes gérer les curieux, Terry rentre dans la maison. Harry et Lee lui emboîtent le pas. Les deux gardes viennent de déposer le corps dans le vestibule. Rin arbore encore au visage les derniers cadeaux de son chéri. Ceux qu'il lui a offerts hier avant de sortir s'amuser.
– Dis donc, Harry... Elle en attendait pas un troisième ?
Un poing se lève. Terry repousse vivement Harry en arrière. Lee a eu chaud.
– Je comprends que tu sois nerveux, mais il a raison. Je l'ai entendue en parler avec Yona, la semaine dernière.
– C'est ça... Défends-le, ton chéri !
– Elle s'est pendue là pour que tu la voies en rentrant, Harry.
– T'as peur que la police me tire les oreilles pour avoir trompé ma femme ? Pis t'oublierais pas que la tienne s'est coupé les veines quand elle attendait sa gamine ? J'dis n'importe quoi... Cette mioche, elle est pas de toi. Elle risque pas de l'être, hein ? Dégage ! Va te faire mignonner par la tête de rat.
Ce n'est pas très élégant, d'insulter ainsi Terry pour éviter de répondre, mais c'est efficace. Le beau brun aux longs cils se crispe de rage. Il est encore plus beau, à ces moments-là. Encore plus héros grec. Mettez-lui une épée et un bouclier, estompez les veines bleues sur son visage, et la statue sera sublime. Lee suit attentivement les frémissements de lèvre du chef de la sécurité, curieux de savoir comment il va riposter. Il ne le saura pas. Roch vient lui apporter un coup de main, au propre comme au figuré. Un solide coup de poing s'abat sur la face mouchetée de Harry.
Ce qu'il y a de bien, dans cette maison, c'est qu'on ne s'ennuie jamais.
– Emmène ça, Terry. Mets-le au cachot.
– Mais... J'ai rien fait ?
– Ta gueule, tueur de mioche ! Tu me fais gerber ! Terry... Personne ne torture aussi bien que ce connard... Je ne sais pas à qui le confier pour lui filer une leçon. Qu'est-ce que tu me conseilles ?
– Aucune idée... Moi, je me limite aux exécutions.
Sourire de sphinx bien en évidence, Lee dévisage le Chef, puis Harry, puis à nouveau le Chef.
– Il est hématophobe, non ?
– Émaquoi ?
– Hématophobe. Lee a raison. Il a peur du sang. A la vue, ça va à peu près. Au contact, il panique.
– C'était pas guéri, cette connerie ? Et s'il s'agit de son sang à lui ?
– Faudrait demander à Daniela. Je n'ai jamais eu à lui soigner de blessure.
Une petite poupée en tailleur rose vient de descendre les escaliers. Gracieuse comme une fleur, chaussée de petits souliers plats qui lui font un pas dansant. L'épouse de Terry lui correspond bien. Il aurait été dommage d'assortir un si bel homme à une chose sans délicatesse. Lee a tout de même un serrement au bide quand il la happe dans ses bras. Harry grince encore un peu, mais le poing de Roch s'abat à nouveau. Voilà le rouquin qui saigne du nez et devient hystérique.
Ce qu'il y a de bien, avec le Chef, c'est qu'il est sensible.
Toute retournée par la mort de sa copine de papotage et lèche-vitrine, la poupée gracile chiale. Terry la berce contre lui, en suggérant qu'elle aille rassurer les deux garçons. Les rejetons du barjo.
*
Chaque chapitre emprunte le point de vue d'un personnage. Ici, celui de Lee.
Personnalité un peu spéciale que j'ai mis beaucoup de temps à maîtriser. Sensible qui se carapace dans le cynisme.
Dans le gang mené par Roch, Terry est chargé de la sécurité, entre autres la surveillance des locaux et les fuites d'information. Avant son mariage, il a eu une relation avec Lee. La femme de Harry (nom pas définitif) vient de se pendre, bien en vue devant la maison.
Présenté au 51° concours d'extraits sur le du forum Jeunes Ecrivains (septembre 2016).
Thème de la session : "Dérangés , dérangeants".
Sinistre DiscoBall / saison du Dragon (5°)
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Description du projet : LA.
Présenté ici sans retouches ultérieures.
Etat du texte à date du concours :
écriture
1° jet avec début de peaufinage.
Etat à date de parution de ce post :
idem.