Nano or not Nano ?

Tous les ans, du 1° au 30 novembre a lieu le Nanowrimo, un défi consistant à écrire 50.000 mots en un mois. 

On pourrait être tenté de rapprocher cela de l'Inktober, qui a lieu du 1° au 31 octobre, défi d'illustrateurs, consistant à réaliser une image par jour. En fait, à part la durée, d'un mois pour les deux, c'est très différent.

L'Inktober, effectué de manière "stricte" suit des sujets définis une liste, celui qui rédige cette liste les choisissait à l'évidence assez flous pour pouvoir inspirer à peu près tout le monde. Il existe aussi des listes à thème et rien n'interdit de s'inventer son thème soi-même, afin de rentabiliser le travail en incorporant les images dans un projet en cours ou ultérieur. En outre, le style et la durée de réalisation sont au libre choix de chacun. 

Le Nanowrimo n'impose aucun thème. Chacun choisit son genre littéraire, son ambiance d'écriture, etc. Il y a même tout intérêt à bien préparer le projet, pour ne pas tomber en panne d'inspiration ou caler sur un détail de documentation ou de scénario. 

50.000 mots, cela correspond à la longueur minimale exigée pour un roman par beaucoup d'éditeurs. En dessous de 15.000, le texte sera classé "nouvelle". Entre 15.000 et 50.000... il risque d'être dur à caser, car trop court ou trop long pour beaucoup d'éditeur, et il entre dans la catégorie des "romans courts" ou "novellas". 

50.000 mots en 30 jours = un roman en un mois = une moyenne de 1.667 mots par jour.

Pour quelqu'un n'ayant pas l'habitude de compter les mots (ce qui est le cas de la majeure partie des lecteurs), c'est un nombre peu tangible. Le nombre de mots par page varie beaucoup d'une collection à l'autre, mais on va dire que ça correspond à 7 pages. 

La performance n'est pas facile, mais je l'ai déjà réalisée plusieurs fois, dont une pendant le Nano 2017 et une autre pendant le camp-Nano d'avril 2018. Mon objectif était alors de boucler le premier jet de mon "Sinistre DiscoBall", et il a été tenu. Cependant, le premier jet en question a toutes les chances d'être assez crado (je ne m'y suis pas encore re-penchée et n'ai donc pas pu en juger).  

Il y a des gens qui arrivent à pondre leur Nano déjà "propre". Malgré la qualité des miens, je conçois que ce soit faisable car même si ce n'était pas un Nano, c'est à une allure de ce type que j'ai pondu mon premier roman. J'étais malade, alitée presque non-stop et n'avais pas grand-chose d'autre à faire qu'écrire. Je n'étais même plus assez solide pour dessiner : c'est dire !

50.000 mots bien écrits en une trentaine de soirée : cela, c'est hyper dur ! 

Différence majeure entre le Nano et l'Inktober : il y a bien des sites de postage pour partager les images Inktober, mais cela ne permet que comparer les produits, alors que le Nano comporte une dimension conviviale très sympathique et qui donne beaucoup d'émulation. Avancer tous ensemble sur nos projets respectifs, s'encourager, etc. c'est fabuleux. Hélas... le 1° décembre, on se retrouve avec un texte en premier jet qu'il faudra peaufiner, faire bétalire, corriger... et cela, c'est nettement moins jouissif. 

J'ai déjà bien trop de premiers jets à finaliser pour me permettre ça ! Et je préfère m'offrir un peu de plaisir d'écriture de temps en temps tout au long de l'année, plutôt qu'une bonne grosse dose au demeurant aussi épuisante qu'exaltante. Pour moi, le Nano est donc à ranger dans les performances intéressantes à tenter une fois, pour voir ce que ça donne, et dans les moyens de faire avancer un projet qui traîne la patte. 

Ainsi que je l'ai évoqué dans un article à propos des dialogues : une fois le texte pondu, il faut le peaufiner. Selon l'état du premier jet et l'exigence de l'auteur envers lui-même, cette opération sera plus ou moins longue. Il est même possible de la zapper tout à fait, si on est très sûr de soi (à évaluer lors d'une relecture).

Mon 2° roman, après plusieurs versions avortée qui n'ont jamais connu le peaufinage, a produit un premier jet qui n'a pas exigé beaucoup de retouches... mais sa vitesse moyenne d'écriture a été d'environ 170 mots par jour, c'est à dire dix fois moins que le Nano. Vitesse moyenne très peu précise car il y a eu de nombreux à-coups, arrêts et pointes de vitesse. Le 3°, par contre, avec une moyenne d'environ 280 (lui aussi à rythme très peu régulier), a eu un premier jet dégueu, au peaufinage très long et très difficile... c'est à dire de qualité pas du tout supérieure à celle d'un produit-Nano !

Cette année : pas d'Inktober pour moi. Sa convivialité me tente, mais non, vraiment, ce sera pour une année où j'aurai éclusé toute ma réserve de textes à finaliser. En ce moment, je me partage entre correction du Western avant autoédition, peaufinage du Space Opera, bétalectures pour d'autres auteurs, soins à ma santé, et il faudrait y ajouter mon dossier d'entreprise, mais la santé y met des bâtons dans les roues (ou alors j'ai la flemme).

Comme toutes ces opérations de correction ne sont pas très stimulantes pour le moral, je me suis autorisé un peu de premier jet... chose que je n'avais plus fait depuis le Nano 2018.

Mais ce premier jet va être une performance pratiquement l'inverse d'un Nano. Je me suis collé dans les pattes une contrainte d'écriture qui ne pouvait que me ralentir, et qui n'aidera peut-être pas non plus à accrocher le lecteur ensuite. Toute la difficullté étant bien entendu d'obtenir quelque chose qui donne envie d'être lu. Par contre, la lenteur d'écriture imposée m'évite les phrases tordues, répétitions, fautes de frappe et autres âneries d'un texte rédigé très vite.

Un deuxième western est en marche...

Je me suis aussi collé en Nano-programme la finalisation de la première "saison" de mon "Sinistre DiscoBall", ou plus exactement, une relecture du texte déjà finalisé, avec ici et là quelques retouches, ainsi que son postage sur le blog créé afin de le publier de 2020 à 2032. Mission accomplie en deux semaines.

Mon novembre n'a pas du tout été Nano, car au lieu de me concentrer sur un projet et en subir le stress, j'ai repris les habitudes que j'avais avant de me jeter d'arrache-clavier sur mes corrections de roman, à savoir une alternance : correction ici / écriture là / dessin / lecture / blog / et même flemmardise !