Commenter un texte en betalecture n'est jamais simple. Il faut relever tout ce qui ne va pas, ou pourrait ne pas aller, en expliquant ce qui cloche et posant des pistes d'amélioration. Il faut être exigeant.e en prenant soin ne ne pas être décourageant.e , et par conséquent, chercher aussi ce qui est bon et même ce qui peut se rendre encore meilleur. 

Lire dans le cadre d'un comité de lecture n'est pas simple non plus, a moins de le faire avec désinvolture, mais c'est quand même beaucoup plus facile. La première fois que je m'y suis frottée, j'avais trouvé cette expérience très dépaysante. Comme il s'agit d'éliminer des textes, il ne faut pas chercher à tout prix les bons points. Comme le texte est achevé, il est hors de sujet de se demander quels angles donner au peaufinage. En fait, ça pourrait se résumer à "il faut éliminer", s'il n'y avait pas ensuite la mise en forme de livre ou bien la lettre de refus.

Évidemment, en pratiquant le refus par lettre type, on peut rester à ce stade du "il faut éliminer", sans justificatif à fournir. Sauf que même sans le fournir à autrui, il faut tout de même l'avoir pour soi, ce "pourquoi non". Et là, j'aperçois l'ombre des commentaires en betalecture. Oui, mais non. Rien à voir. Cette fois, ça tient en quelques mots crayonnés sur la liste de textes et sur les feuilles imprimées.

Pour moi, côté édition, pas besoin de plus. Côté édition, les refus n'ont pas besoin de salamalec. Côté auteur, un refus n'est jamais agréable, et même si ce n'est pas moins douloureux, le refus argumenté est plus humain qu'un refus brut. Voilà comment on en arrive à la tâche complexe de commenter un texte pour affirmer que tant pis, c'est loupé et voilà tout. Donner des pistes d'amélioration, dans un refus argumenté, n'a aucun sens. 

La sélénite que je suis endosse désormais la casquette d'éditrice, derrière le logo des éditions High Moon, et traverse actuellement sa première sélection de manuscrits, dans le cadre d'un appel à textes pour recueil sur le thème des déplacements. Les "oui" ont été annoncés par lettre type, et des échanges par mail auront lieu plus tard. Les "non", ce sera du mail personnalisé, et c'est là que j'en suis aujourd'hui.

Regarder les textes, en me demandant ce qu'il faut dire, et comment. Je ne peux pas consacrer à chaque refus trois heures et des montagnes de commentaires comme en betalecture ! Pas envie de faire trop sec non plus, car cela ferait fuir les auteurs,qui ne reviendraient plus aux appels à textes suivants.

Inversement, il faudra après les avoir acceptés que j'effectue à certains des "ok" des critiques de correction, avec impératif que ce soit rapide, d'autant plus qu'il y a de nombreux textes, et que les pertes de temps peuvent s'effectuer sur tous. 

Pas facile.