L'aventure Tang

Les aventures de Li Yuan , au VII° siècle de notre ère, n'ont guère à envier, côté ambiance et agitation, à Kingdom, manga mettant en scène Li Shin / Li Xin, ancêtre du clan Li de Longxi. 

Les générations ont passé, les sables du Temps ont enterré l'empereur Qin ( alias T'sin ), et un rude bazar s'est vite re-installé pour longtemps. Puis apparut un nouvel empereur d'envergure... 

On dirait le synopsis d'un roman, non ? Ou du moins la 4° de couverture. Et franchement... je serais surprise si l'instauration de la dynastie Tang n'avait inspirée aucun roman. Je n'ai pas googlé pour savoir, mais si ça tombe, il y a même des pièces de théâtre, voire des opéras !

Tout d'abord, pour planter les personnages, il faut expliquer que le clan Li de Longxi est descendant du général Li Xin portant le "nom de courtoisie" Youcheng qui a tenu en marquisat (fief aux frontières de l'empire) l'importante commanderie de Longxi.

Cela, c'était au temps du très court empire Qin.

Li Xin = Li Shin dans Kingdom

Quelques générations plus tard, il y eut un autre général mémorable, en la personne de Li Guang. Ensuite, pas mal de personnages agissant dans divers domaines, laissèrent des empreintes historiques ou culturelles.

Puis, un beau jour, un empereur... et une dynastie puissante.

Quand je songe à ça, j'ai envie de dessiner Shin et Sei, personnages du manga Kingdom correspondant à Li Xin et au futur 1° empereur Qin, assis sur un nuage, avec peut-être Hyo penché par-dessus leurs épaules ou bien assis avec eux, et des phylactères présentant, quelque part dans les siècles intermédiaires, un dialogue du genre :

- C'est con à voir, ce barnum. Ça va, Sei ? Tu tiens le coup ?

- .... Pas le choix ! Je n'y peux plus rien. 

- T'as fait de ton mieux. 

- Même au simple niveau familial, c'est un échec flagrant. Comme souverain ou comme père, j'ai échoué lamentablement. 

- Dis pas ça... c'est pas ta faute.

- Majesté... Shin... Vous n'avez pas envie de vous réincarner pour essayer de réorienter les choses ?

- Heu....

- Il ne manque pas de force, Hyo... mais je ne sais pas s'il en a assez pour ça. On devrait arrêter de regarder ici. Y'a peut-être des trucs amusants à voir ailleurs ?

- Où, ailleurs ? Au moins, toi, ta famille marche bien. 

- Ka ka ka ! Ouais. Pourvu que ça dure.

- Sa Majesté a raison. J'aurais pas imaginé ça de toi !

- Ka ka ka ! Moi non plus...

- Et toi, Shin, tu l'aurais la force ? Vous deux, même. Vous auriez envie de le faire ? C'est plutôt décourageant...

- Hummmm ? Ça pourrait être sympa, Sei... mais je passe mon tour. La force, c'est une chose, mais faut aussi trouver des bonnes idées.

- Tu as plusieurs fois prouvé que tu sais en trouver de bonnes et convaincre les gens d'y croire.

- Hem ? Ouais mais nan, Sei. Si tu viens pas, hors de question que j'y retourne. Et puis, j'ai pas que ça à faire.

- Shin... tu as toujours été là quand sa Majesté avait besoin d'aide ! On est morts. T'as quoi de si important à t'occuper ?

- Ka ka ka... j'suis un ancêtre, maintenant. J'ai un clan à protéger et inspirer. Vaste boulot. C'est pas pour me vanter, mais y'a du monde.

- Je sens de la mauvaise foi dans ton rire, Shin.

- Inspirer ? Hé... mais oui, Shin ! C'est ça, la bonne idée ! 

- Quoi ? Quelle idée ? 

- Hyo a raison, Shin. Il faut leur confier la suite. 

- Leur... heu... eux, là ? Mon clan ?

- Évidemment !

- Heu... je... c'est... ils...

- Ton clan a produit des administrateurs, des stratèges, des poètes... tu ne vas pas nous dire que tu manques de confiance en eux ?

- Heu... c'est pas cool de ma part mais... heu... comment dire ?

- Ton instinct ? Tu en as beaucoup, mais là, c'est de la politique, pas de la guerre.

- Hum... ouais... tout à fait ! Mon instinct de général n'a pas confiance.

- Sa Majesté a raison.

- Vos gueules !

- Et tu oses dire que ton rôle est de veiller sur eux et les inspirer ?

Mince... voilà qu'après le dessin fan-art, je me lance dans le dialogue fan-fiction. Sérieux... j'avais pensé rédiger un truc de quatre ou cinq lignes maximum, à la base. Bon... tant pis, je laisse comme ça. L'idée ressort, c'est l'essentiel, et de toute façon, ce n'est qu'une incidente dans le blabla du post.

Reprenons le droit fil du blabla en question....

Les prémices de l'empire Tang ne débutent pas de façon très glorieuse. C'est presque du vaudeville, et on pourrait clairement en tirer une pièce à la Feydeau.

Li Yuan, duc de Tang depuis l'âge de six ans appartient aux hautes sphères de l'aristocratie. C'est un proche l'empereur en place (dynastie Sui).

Il a plusieurs fils et une fille qui ont tous assez d'étoffe pour grossir la liste des glorieux membres de la famille Li.

Autour d'eux, une Chine assez chaotique, avec toujours des conflits violent avec les peuples barbares, en même temps que des alliances matrimoniales parfois en haut lieu. L'épouse de Li Yuan appartient d'ailleurs à une famille d'origine barbare, quoique sa sœur soit épouse de l'empereur. 

Pas spécialement extraordinaire, cette parenté avec les peuples barbares.
Je n'ai pas mis le nez sur les époques intermédiaires à Qin et Tang (sauf le début de l'époque Han), mais dans le Shiji, on trouve pas mal de liens matrimoniaux avec les peuplades non-chinoises frontralières.
La dynastie Qin comptait parmi ses ancêtres quelque Jing, barbares de l'ouest comportant des blonds, des roux et même des yeux verts.
Selon les diverses pages web que j'ai consulté, ils étaient peut-être apparentés aux scythes et grâce à un texte qui nous est parvenu en bilingue de leur langue et du chinois, on sait qu'ils parlaient une langue tibéto-birmane (waouh... c'est dingue qu'on en sache autant).

J'imagine qu'on peut associer ces barbares occidentaux aux "hommes des montagnes" de Kingdom, ce qui voudrait dire que Sei et Yotanwa sont lointains cousins !
Mais comme ces métissages se pratiquaient dans l'aristocratie à travers des unions diplomatiques, ou bien dans les familles guerrières via des captives devenues concubines (ou à des alliances temporaires produisant de vrai mariages), il y a peu de chances pour que ce soit le cas de Shin, qui est issu des basses classes sociales.

Oups... je suis en grand danger de m'égarer loin de mon sujet ! Que disais-je ? Ah oui...

Hyo n'est pas loin de paniquer.

 Voilà Li Yuan coupable d'un crime passible de décapitation. Que faire ?

Sei et Shin sentent venir des bastons en couloir de palais... ou pire.  Mais ils en ont vu d'autres, et attendent la suite.

Je parlais de Li Yuan, duc de Tang, et de sa petite famille.

Parmi ses merveilleux fils, se trouve une espèce de petit filou qui kidnappe une concubine de l'empereur du moment pour la donner à son père. Cadeau accepté... mais zut alors, il était un peu empoisonné !

Sur le nuage, Shin, Sei et Hyo guettent attentivement cette situation épineuse.

 Voilà Li Yuan coupable d'un crime passible de décapitation. Que faire ?

Au-dessus, Shin se demande s'il ne devrait pas descendre coller une pêche dans la gueule de Li Shimin. De toute façon, le poing d'un fantôme, ça ne ferait pas bien mal.

Sei hoche la tête, attendant la suite. 

Là, moi, avec mes confortables siècles de distance, je me dis qu'il n'était peut être pas besoin de paniquer. Si ça tombe, en niant posément et plaquant bien l'objet du problème (la dame), l'affaire se serait arrêtée là.

Enfin bon... peut-être plus facile à dire qu'à faire, quand on est pour ainsi dire de le même famille (ben oui : certains des enfants de Li Yuan et de l'empereur sont cousins au premier degré). Ceci étant, la blague me semble assez ignoble, venant d'un neveu de l'empereur qui n'avait avec la famille impériale que de bons rapports.

Décapitation ?

Pfffff... ce n'est pas du tout l'idée que Li Shimin a en tête. Il pousse son père à se révolter le plus vite possible, et à frapper le premier.

Sur le nuage, Sei reste pragmatique, bien que ce complot un peu sous la ceinture ne soit pas du meilleur goût.

Shin fronce les sourcils avec grande anxiété.

La guerre se déclenche d'autant plus rapidement que la Chine est déjà en proie à pas mal de révoltes ici et là, dont certaines de bonne ampleur. Chez les Li, toute la famille s'y met, les frangins, le cousins. Quand on a plein de généraux à l'intérieur du clan, faut s'en servir ! Et même la frangine, qui se révèle une excellente cheffe de guerre.

Il faut croire que les chiens ne font vraiment pas des chats, ou peut-être que Shin était venu se pencher sur le berceau à la naissance de cette demoiselle.

Le clan Li prend soin d'éviter les exactions du côté de leurs troupes et éventuellement d'intervenir pour protéger contre celles des armées adverses. Ce n'est peut-être qu'une pragmatique application des conseils donnés par Sun Tzu dans "l'art de la guerre", mais c'est tout de même sympa.

Voir un article de ce blog, à propos de cet aspect de Sun Tzu (lien ici)...

Assis sur le nuage, ou bien allongé mains sous la nuque et doigts de pieds en éventail, Shin sourit fièrement de cette attitude comportement.

Le début était douteux, mais, ça ne se profile pas si mal.

 Dans un premier temps, Li Yuan se contente de déposer l'empereur, nommer un jeune prince à sa place et occuper une place de régent.

Au poste d'observation, Sei songe qu'il a connu ce type de situation, du côté du petit souverain sans pouvoir, et que c'est un peu malaisant.

 Bientôt, une nouvelle évolution : Lǐ Yuan ( 李 淵 ) duc de Tang devient l'empereur Tang Gaozu, qui recevra plus tard le nom posthume  Shényáo Dàshèng Dàguāng Xiào.

Là-haut, Sei pousse un grand soupir de soulagement et croise les doigts pour que, cette fois, ça finisse bien.

 La frangine, disons-le, présente une jolie matière en tant que personnage de roman, BD ou série télé. Après avoir rassemblé et mené une armée, la voilà devenue princesse . Mais bêtement, elle meurt de maladie. L'empereur décide des funérailles de général. Elle y a droit ! Sauf que le clergé chargé d'orchestrer cela n'est pas du même avis. C'est une femme, quoi ! Ce genre de funérailles, c'est réservé aux hommes ! Ben non. L'empereur n'en démordra pas. Sa fille mérite amplement les funérailles d'un général, qu'on se le dise.

Sur le nuage, Shin accueille sa descendante en riant bien fort.

Une étoile de plus dans la famille. Fierté ancestrale. 

 Petit intermède de précision historique : la dynastie Qin, après plusieurs siècles de ducs et de rois, n'a produit que deux empereurs, et un roi de plus après eux, qui n'a même pas régné longtemps. Entre le décès du 1° empereur Qin et la mort de son empire, il ne s'est écoulé que trois ans.

Hélas, Sei n'a pas croisé les doigts assez fort...

Voilà que le filou de fiston causeur de révolte, refait un mauvais coup. Cette fois, les premières victimes sont ses frères. Le petit voyou est second de la fratrie et supposément pas héritier du trône. Qu'à cela ne tienne ! Il suffit d'assassiner le grand frère, et pour être tranquille, le petit dans le même mouvement.

Sur le nuage, consternation collective. 

Évidemment, ça pourrait tourner au vinaigre, car tout de même, c'est un quasi régicide assorti d'un double fratricide. Rien de grave ! Si l'impérial papa déclare que ses deux fils ont trahi et par conséquent mérité leur sort, tout ira bien. Ensuite, l'empereur Gaozu n'a qu'à abdiquer en faveur du fils qui lui reste.

Sei a des souvenirs amers qui remontent l’œsophage.

Shin grince des dents.

La frangine s'arrache les cheveux.

Hyo se demande s'il faut proposer aux nouveaux défunts de rejoindre leur observatoire.

 Les familles et amis proches des deux frères ont été massacrées pour faire bonne mesure. Ensuite, le deuxième empereur Tang fait du premier un "empereur retiré", c'est à dire "a la retraite", ce qui est beaucoup plus honorable que d'organiser sa mort. Et voilà le travail. La dynastie est installée, et pour la première fois depuis longtemps, la Chine va connaitre une période calme.

Il existe un manga qui débute sur cette tragédie.

Très beau, soit dit en passant, aussi bien par le dessin que par le scénario et la sensibilité des personnages...

Il est intitulé "la princesse vagabonde", et son personnage principal est la fille du prince héritier assassiné, bien décidée à le venger. J'ignore comment se finira cette série, qui n'est pas terminée.

Le deuxième empereur Tang a régné un bon moment, ce qui semble dire que le princesse devra renoncer à son projet ou bien échouera.

Sur le nuage, on s'entre-regarde en se demandant de quoi sera fait l'avenir. 

Année 626 de notre ère.

Le premier empereur Qin est mort depuis 837 ans, dix ans après la fin de sa conquête de la Chine.

Sacré scénario, hein ?

618-907, avec un trou 690-705 :  la dynastie Tang dura 285 ans. 

Source = https://fr.m.wikipedia.org/wiki/Tang_Taizong

J'en ai consulté quelques autres,
tant sur le Wiki français que sur l'anglais et même le chinois
(vivent les traduteurs automatiques),
et puis des documents sur les wikisource français et chinois.
Un petit paquet de trucs, dont j'ai du mal à me rappeler
lesquels ont apporté de l'eau au moulin de cet article.

Sei soupire...

Shin se dit qu'une petite paix de temps en temps, c'est toujours ça de gagné.

Hyo se demande si une dynastie obtiendra un jour un résultat valable, et si être général est aussi cool qu'il l'imaginait durant son enfance à peine dépassée... mais une fois mort, est-ce qu'on peut encore changer la façon de penser qu'on avait de son vivant ?

La frangine hausse les épaules.

Précision documentaire et peut-être un peu légendaire

Ainsi qu'on le voit dans le "Livre des Tang", la dynastie impériale des Tang prétendait se rattacher au clan Li de Longxi.

A présent, il y a des historiens qui discutent cette parenté, se fondant sur l'emplacement des terres du fondateur de cette dynastie, mais je ne trouve pas l'argument très solide. Rien ne prouve que des fils cadets (non héritiers) n'ont pas obtenu d'une façon ou d'une autre des fiefs éloignés de Longxi ! Ce n'est même pas impossible pour un descendant de la branche aînée. Bref... j'ai décidé de me fier à ce que raconte le "Livre des Tang", et tant pis si on n'est pas content.

Notons tout de même (au passage) que dans Kingdom, Shin n'appartient pas de naissance à la famille Li antérieure, laquelle remonte à un certain Li Er, plus connu sous le nom de Lao Tseu. Au lieu de quoi Shin a simplement choisi le patronyme Li parce qu'il lui fallait un nom pour des raisons administratives.

Il y a donc une entorse à la généalogie officielle de la dynatie Tang.

Comme d'autres lignées Li sont apparues plus tard, et qu'à l'époque Qin, il y avait déjà plusieurs familles (celle de Li Mou, général de T'chao, par exemple... c'est à dire Riboku, général de Zaoh dans Kingdom) dont on ne sait pas trop si elles étaient apparentées entre elles, il est néanmoins possible que le rattachement des Tang aux Longxi soit effectivement un bobard.

Hyo regarde ses voisins de nuage, nettement plus âgés que lui, qui est mort à 14 ans et sans avoir eu le temps de remettre en question ses rêves d'enfance.

Il se demande s'il est de bon aloi de remettre sur le tapis l'idée de se réincarner. Peut-être est-il le seul à pouvoir le faire sans risque de péter les plombs. Et puis, ça marche comment, la réincarnation ?

Sei regarde en bas. Très ennuyé.

Shin regarde en haut. De toute façon, c'est plus leurs affaires.

Sei / Qin Shi Huang est mort à 48 ans.

On ignore la date de décès du général Li Xin,
dont il est étonnant qu'il ne soit pas
allé rejoindre ses ancêtres en -224,
mais qui était encore en vie en -221.
On ignore aussi sa date de naissance, d'ailleurs.
Yasuhisa Hara lui a attribué le même âge qu'au jeune roi,
soit 37 ans à la fin de la conquête,
et 34 à une guerre où il menait 200.000 hommes
tout en étant qualifié de  "jeune",
: ordre de grandeur cohérent.

Karyo Ten et Kyoukai auraient mérité d'avoir leur mot à dire dans mon petit dialogue, mais j'aurais alors été tentée d'y incorporer Kou et You, ainsi que Mouten et Ouhon, puis Bihei et Denei, voire Riboku, Kanki, Seikyou, Shouheikun (etc.) et franchement, le sketch est déjà assez long comme ça (et un peu creux, en plus). Sans compter que j'aurais été amenée à parier sur qui sera co-ancêtre avec Shin. Même si la réponse me semble évidente en tant que lectrice, je serais embêtée de me tromper, car ça peut être important, si elles doivent mettre leur grain de sel.

Tout ça ferait progressivement épaissir la discussion, et ne laisserait plus ma moindre place au blabla sérieux ! Halte au bavardage, donc...

Et puis, mon post mesure déjà quelques kilomètres !