La première fois qu'une conversation m'a fait entendre (ou lire, car c'était en virtuel) le terme "fan service", j'ai totalement "pas-pigé" et demandé explication. Peut-être que je l'avais déjà rencontré mais zappé ? La signification est très simple : les passages ou images qui ciblent des trucs qu'un certain public a envie de voir ou lire. Ils s'intègrent dans l'histoire, mais leur but est d'attirer ou retenir le lecteur.
Dans cette conversation, ce dont parlait mon interlocutrice, c'était un petit paragraphe descriptif d'un de mes textes. J'ai été très étonnée qu'il soit perçu de cette façon. Elle, de son côté, était surprise de trouver cela sur mon clavier. A mes yeux, l'élément principal de la description était la cascade sous laquelle se trouve le personnage, et non le fait qu'il soit à moitié nu. Le regard étant celui de sa petite amie, totalement admirative, donne une touche romantique au passage, mais j'ai ressorti de cette impression qu'il faudrait reprendre le morceau en insistant sur la chute d'eau... mais ensuite, j'ai réalisé que ce ne serait pas logique. La fille n'a pas grand-chose à cirer de ce paysage, si beau soit-il, et en plus, la scène se déroule la nuit. J'ai donc laissé tel quel.
Le type de "fan service" le plus connu étant de type érotique...et pour le peu que je vois passer le mot, c'est en général en ce sens. Mis à part sur les définitions du mot, je n'ai jamais croisé le terme autrement !
Au bout du compte, ça m'a donné envie de dessiner la scène. Je ne l'ai pas vraiment fait, car la hauteur de la cascade aurait rendu le personnage trop petit, à moins de se contenter des éclaboussures sur le rocher où il devrait être assis. Autrement dit : je me suis heurtée au même problème pour dessiner en "fan service" que pour écrire en évitant de le faire.
Bon.. de toute façon, ce "fan-service" est juste une micro-touche, dont je doute que beaucoup de lecteurs le considèrent ainsi. Et puis... à partir de quel niveau de "rajout" est-ce du fan-service ? Quel degré d'imbrication dans l'histoire ? Il y a beaucoup à cogiter, là-dessus !
Le dessin consécutif à tout ça fut une bonne occasion pour préciser le physique de mes personnages.
Lui, juste un peu, car il existait déjà en version habillée. La difficulté, de son côté, était tout de même grande car il est vampire, physiquement adolescent mais menant une existence d'homme adulte. Sans les habits qu'il choisit en fonction du besoin de se vieillir, à quoi ressemble-t-il ? Et ses cheveux, quelle longueur leur donner pour qu'il puisse s'adapter aux modes capillaires sans jamais sortir de la "normale" des époques où il vit ? En background, je voulais qu'il porte un tatouage, seul élément d'originalité que ce personnage autorise à sa propre apparence (élément de background resté inemployé), et il a fallu en choisir l'image, ainsi que l'emplacement qui doit être masqué par les habits en temps ordinaire. A l'occasion, il faudra aussi que je décide à quelle date il l'a fait réaliser.
Elle, beaucoup plus, car jusque là, elle n'existait que dans le texte, mais contrairement à d'autres (lui, par exemple), elle y comportait quelques détails. J'ai un peu galéré à choisir la coupe de cheveux, et me suis un peu maudite de lui avoir attribué un nez aquilin, mais au final ai trouvé le résultat satisfaisant. Pour la petite histoire, le truc qui dépasse de sa poche est un carnet de sudokus. Oui, elle fume aussi dans le texte (lui également), et même elle fume parfois beaucoup. Oui, il prend son bain de minuit par temps de neige. Le rocher où le gars est assis dans le texte inspirateur a disparu, de même que les éclaboussures et au lieu d'être torse nu, il l'est totalement. Au final, un truc totalement différent du point de départ !
Le terme "character design", lui aussi, m'est resté longtemps étranger, quoique moins. Il est assez facile à comprendre (dessin des personnages), et comme les interactions entre mes univers de dessin et d'écriture sont fréquentes, je n'ai pas besoin de me poser la question. Oui, je les dessine et ça m'aide au moment d'écrire sur eux. Pourquoi le mot est-il resté étranger, alors ? Justement pour ça. L'action est tellement naturelle, chez moi, que je ne me pose pas la question de comment la nommer... mais ainsi que démontré plus haut, elle n'est pas systématique, loin de là. La majeure partie de mes personnages n'a jamais été dessinée, même si certains l'ont été de nombreuses fois.
En ce moment, je traverse une période de "vide", au niveau de mes dessins de personnages. Je ne sais plus comment les disposer, quelles scènes j'ai envie de figurer.
Car mes dessins ne sont pas prévus comme du "character design", et c'est pour cela que les mêmes personnages reviennent plusieurs fois alors que d'autres ne sont jamais représentés. Il est plus commode de reprendre un personnage déjà employé que d'en imaginer un autre, et en plus, les personnages important d'un récit titillent plus l'inspiration.
Je suis en panne de scènes tout comme je suis en panne de récit. J'ai l'inspiration qui bloque de façon générale. Cela a débuté par une remise en question de ma façon d'aborder le texte, et ça s'est étendu. J'en parlerai une autre fois... si je suis inspirée pour le faire, car au niveau blog, je suis également "en panne". Comme quoi, c'est réellement de tous côtés !
La jolie dame, en dessin au crayon estompé, est un cas de "character design" tout à fait net. J'avais besoin de visualiser un personnage, ou plus exactement une catégorie de personnages, et cela a conduit à plusieurs dessins, de type différent.
Pour la petite histoire : le tatouage sur le front devrait être partiellement masqué par un bandeau brodé, dont l'absence peut signifier qu'on se trouve dans un contexte particulier.
Étant donné la coiffure, ce n'est pas pour aller à la piscine, mais la seule certitude que j'ai à ce sujet c'est que j'avais besoin de visualiser à quoi ressemblent ces tatouages. Celui-ci n'est pas représentatif, car selon le texte, ils ne dépassent en général pas du bandeau ce que celui-ci fera sans aucun doute. D'ailleurs, la coiffure n'est pas non plus compatible avec ce bandeau, ce qui confirme une situation particulière ou bien exclut le personnage de la catégorie recherchée au départ.
En termes de "character design", ce dessin est donc plutôt une tentative ratée.
Les deux gugusses qui font des signes bizarres avec leurs mains sur le dessin suivant sont de la même veine. Ils appartiennent au même univers d'écriture et l'un des deux à la même classe sociale que la dame en crayon estompé. L'image ne sera jamais fignolée plus que ça, mais elle peut fournir la base à une dessin plus soigné. Contrairement à la jolie dame tatouée, ce croquis a été très constructif et correspond assez bien à ce qui en était attendu.
Avant de pouvoir esquisser cette scène, j'ai dû travailler aussi sur les mains. Et justement... la forme des mudras employés par mes personnages faisait partie de ce que j'avais du mal à imaginer de façon précise dans le texte. Les croquis réalisés à cette occasion étaient donc encore plus indispensables que de styliser les coiffures ou les costumes, ces derniers pouvant aisément être imaginés par le lecteur selon ce que sa mémoire comporte de films ou bandes dessinées SF.
Le bonnet porté par l'un des deux correspond à un élément décrit dans le texte. Je me suis rendue compte en le posant en image que ça ressemble à un bonnet phrygien, mais la présence de petits objets fixés en parure peut réduire l'impression. De toute façon... du background que le lecteur imaginera à son tour, selon sa propre imagination (et en fonction de ce que je lui en aurai précisé).
Pour la petite histoire le petit mode d'emploi : dessiner les mains n'a rien de facile, et la représentation de mudras est un excellent exercice pour s'y améliorer. Toutefois, il m'a fallu, pour y arriver, commencer par esquisser moi-même des mudras, dans l'air et non sur une feuille.
Du même coup, j'ai constaté que c'est un également très profitable aux doigts. Essayez ! Essayez ! Vous constaterez sûrement que mouvoir tous ses doigts indépendamment les uns des autres n'est pas si facile que ça (à moins de faire du piano ou de la guitare).
Inutile d'employer une main en bois. Ces "mannequins de dessin" sont jolis en décoration sur un meuble mais ne valent pas tripette pour le dessin anatomique. Il faut de vraies mains ou bien des photos.
Il aurait aussi fallu que je définisse un uniforme, sur ce croquis, mais je n'y suis pas arrivée et comme je n'en avais pas besoin, je n'ai pas insisté. Le mec avec un losange dans le dos n'est pas probant, mais tant pis pour lui.
Tout cela a quelque chose de frustrant, car il s'agit de background dont l'essentiel restera inemployé. Cela fait "partie du jeu". Écrire (ou dessiner) cela implique de réfléchir à des éléments qui resteront invisibles dans le résultat final...
Allez.... on parlera de fan-service une autre fois. Y'a des trucs à dire sur le concept.
Dans toute oeuvre, il y a forcément un peu (voire beaucoup) de ce qui constitue la définition du "fan service". Comment faire autrement ? Comme pour beaucoup de choses, tout est dans le dosage...